top of page
Rechercher

43 (suite et fin). Le cœur de la fillette s'est définitivement arrêté de battre





Cela fait des années que depuis Marseille, Bruxelles, Paris, Varsovie, Barcelone, Berlin ou encore Palerme, nous travaillons à créer le Navire Avenir, bâtiment pionnier d'une flotte de sauvetage et de soin. Cela fait des années que nous travaillons simultanément à créer un pavillon maritime européen en droit avec une dizaine d'universités européennes et, sous la gouverne d'un rescapé afghan, que nous brodons des signes de vie dans l'épaisseur du drapeau qui flottera effectivement sur ce catamaran, œuvre commune et agissante. Cela fait des années que nous travaillons à créer des équipements multiples permettant de sauver plus encore, de soigner bien mieux, d'accueillir magnifiquement, de bâtir une vie meilleure avec celles et ceux qui cherchent et chercheront refuge parmi nous. Cela fait des années que nous persévérons, que nous nous acharnons, que nous enrageons que cela n'advienne pas plus vite tant les frontières de l'Europe, qui devraient être protectrices, s'avèrent de plus en plus assassines sous l'impulsion notamment d'hommes politiques jetant sur la place publique des images aussi folles que la "submersion migratoire". Comme avant-hier François Bayrou, en pleine Assemblée nationale. Ce jour-même où les équipes de SOS Méditerranée ont réanimé une fillette de 7 ans dont le cœur s'était arrêté de battre au large de l'Île de Malte. Ce jour-même où, finalement, ce cœur s'est définitivemenet arrêté de battre après l'évacuation de la fillette par hélicoptère jusqu'à l'hôpital de La Valette. Sa maman et sa grande sœur l'ont accompagnée. Son papa a malheureusement dû rester à bord de l'Ocean Viking. Où il a appris la tragique nouvelle. Où, ravagé, il a écrit ces quelques mots qui nous ont été transmis par Jean-Pierre Lacan :


« Sur le rivage de la mort, ton voyage s'est achevé.

Ton petit cœur, encore tendre, n'a pas résisté.

Il était rempli d'amour, débordant jusqu'au dernier souffle.

Tu es partie, ma belle, ma petite.

Ta douce voix s'est éteinte à jamais,

Laissant derrière elle un père, une mère et une sœur, perdus, errant entre ciel et mer.

Comment ton cœur si pur a-t-il pu quitter soudainement tes proches tant aimés ?

Tu as supporté les difficultés du voyage, la cruauté des vagues - tout cela pour quoi ?

Pour une vie digne.

Oui, tu l'as trouvée maintenant, Rahaf.

Tu as atteint le bonheur éternel.

Que ton âme repose en paix, mon amour »


images : broderies dans l'étoffe du Pavillon européen du Navire Avenir, wecamfrom / Farooq Gul, juin 2024, Elsa Ricq-Amour.

54 vues0 commentaire

Comments


bottom of page