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19. Réaliser l'Avenir (de Lampedusa à Lampedusa)

discours d'ouverture de la soirée du 22 octobre 2023 au Centre Pompidou-Paris prononcé par Sébastien Thiéry, coordinateur des actions du PEROU (transcription sous la vidéo)







18 avril 2015


Le 18 avril 2015, en début de soirée à Rome, le service de coordination des sauvetages en mer Méditerranée repère une fusée de détresse tirée à 193 km au sud de l'île de Lampedusa.


Non loin croise le King Jacob, porte containers bâtant pavillon portugais, immense bâtiment de 160 mètres de long. Le Centre Pompidou en fait 166. Son commandant, immédiatement informé, change de cap, et dirige le navire vers le point géolocalisé.


La mer est mauvaise. Le porte-container n'est à l'évidence pas conçu pour une telle intervention. Dans la nuit noire, la collision a lieu avec l'embarcation en péril. C'est un chalutier de 27 mètres de long. Il sombre en quelques minutes. Seules 28 personnes sont sauvées. Dont celle qui, quelques jours plus tard, réalise ce dessin décrivant le drame.



le naufrage de l'Europe


À 370 mètres de profondeur repose l'épave.


Les autorités italiennes diligentent plongeurs et médecins légistes quelques jours plus tard. Ils découpent une fenêtre, visible à l'image, pour accéder à la cale de l'épave. Des corps, innombrables sont entassés là. Ils sont remontés à la surface, puis acheminés sur la côte Sicilienne, dans la petite ville d'Augusta.


De petits sacs de terre sont retrouvés dans certaines poches, sans doute un souvenir du pays quitté. Sur la poitrine de certains enfants, cousus dans l'épaisseur de leurs vêtements, on découvre des bulletins scolaires, preuve et promesse de leur réussite.


Les médecins légistes travaillent un an et demi, jusqu'à l'été 2016, pour identifier 900 personnes environ, venues d'Afrique entière. Ce sont donc les victimes du plus grand naufrage du 21e siècle.


Matteo Renzi est alors président du Conseil Italien. 6 mois plus tôt, le 31 octobre 2014, faute de soutiens européens, il s'était résigné à mettre fin à Mare Nostrum, opérations humanitaires qui, en un an, avaient permis de sauver la vie de plus de 100 000 personnes. Il en coûtait alors 9 millions d'euros par mois à la seule Italie.


Absolument défaillante, l'Europe trouvait néanmoins les moyens, dès le 1e novembre 2014, de lancer Triton, programme de l'agence Frontex visant à protéger les frontières extérieures de l'Union, ce sans le moindre mandat humanitaire.


En avril 2015, Matteo Renzi déclare alors que ce naufrage au large de Lampedusa n'est pas seulement celui d'une embarcation transportant des centaines de personnes, mais aussi celui de l'Europe tout entière. Il promet d'extraire l'épave des fonds marins et de la déposer, pour l'exposer, à Bruxelles.




ce qu'il en reste de l'œuvre d'art


Des moyens extraordinaires sont effectivement mobilisés pour tracter l'épave jusque sur terre. Mais on la garde en Sicile, à Augusta, où la plupart des disparus ont trouvé sépulture.

Une association se constitue ici-même, en 2017, en vue de garder vive la mémoire de cette tragédie. Elle a pour projet d'installer ce qu'il reste du petit chalutier dans un futur « jardin du souvenir ».


Quelques temps plus tard, Christoph Büchel, artiste islando-suisse, obtient de cette association, et des autorités italiennes, le prêt de cette épave. Pour l'acheminer jusque sur le quai du bassin de l'Arsenal, à Venise. Où elle se dresse, le 11 mai 2019, jour d'ouverture de la biennale internationale d'art contemporain.


Ceci est un « ready-made » monumental. Un fragment du monde sur-exposé sur la plus grande scène internationale de l'art contemporain ; une épave devenue œuvre par l'effet, notamment, de la signature d'un artiste reconnu et connu pour ses provocations politiques. Qui la titre alors Barca Nostra, référence explicite à Mare Nostrum.


Relique du désastre, Barca Nostra est décrite par Paolo Baratta, président de la Biennale, comme « une invitation au silence et à la réflexion ». Très peu de silence en réalité, mais beaucoup de bruit provoqué par cette œuvre majeure de la biennale 2019.


Il en est pour encenser une pièce magistrale, désignant l'absence criminelle du sauvetage, accomplissant le projet de colère de Matteo Renzi, hurlant le naufrage de l'Europe.

Il en est d'autres pour déplorer l’obscénité de cette sur-exposition du drame, d'une foire culturelle faisant commerce de l'inimaginable, de centaines de vies perdues.

Il en est pour vomir le supposé cynisme de l'artiste, figure dressé sur les ruines, avec pour seule conséquence effective, sa propre gloire.

Il en est pour célébrer son geste, inscrit dans quelque chose comme une tradition contemporaine de l'indignation, de la plainte, de la déploration féroce, et pour affirmer donc qu'une telle œuvre retentissante, exposant l'ampleur du désastre, contribuera nécessairement à nous en faire sortir.


Car, nous le savons, innombrables sont les œuvres qui, sur les cimaises alentours ici à Beaubourg, sur nos écrans et sur nos scènes partout en Europe, dans les biennales du monde entier semblent suivre un même projet de chasse, de traque, à savoir : tenir le regard rivé sur le désastre, faire lumière incessante et éclatante sur toute son étendue, suivant l'hypothèse que c'est ainsi le piéger, le saisir en quelques sortes avec la perspective de le faire ainsi cesser.


D'après l'ONU, 27 000 personnes sont mortes noyées en mer Méditerranée depuis 2015. D'après l'ONU toujours, 2 800 personnes ont disparu depuis le début de cette année 2023. Soit, tous les 3 mois depuis janvier dernier, un naufrage de l'envergure de ce plus grand naufrage du 21e siècle.


Malgré Barca Nostra, malgré tout ce que l'on a vu, su, entendu d'effroyable sur nos scènes, écrans et cimaises, rien n'a donc cessé.


relever


En 2012, nous créons le collectif PEROU avec le jardinier Gilles Clément.

Gilles est un d'abord un botaniste selon lequel il n'y pas de mauvaises herbes, mais que des mauvaises nomenclatures, des mauvaises manières de décrire et nommer les choses, les êtres, le monde.

Gilles est un inlassable ouvrier dont le geste quotidien, au beau milieu du jardin en mouvement, pluriel, conflictuel, débordant, consiste à donner force et splendeur à ce qui se présente, à soutenir et accompagner les formes et les forces de vie.


Tel est le programme du PEROU au beau milieu des situations de péril où depuis 10 ans nous nous efforçons d'œuvrer. À savoir : relever, comme le dit si bien le verbe de l'anthropologie, ce qui au milieu du désastre n'est pas de l'ordre du désastre, et, avec nos outils d'architectes, designers, graphistes, plasticiens, juristes, créateurs sonores, chorégraphes, écrivains, cinéastes, comédiens, lui faire de la place, en augmenter la présence au monde.


C'est un régime politique, et esthétique, de l'affirmation qui gouverne nos actions.

Cesser d'archiver les preuves du désastre donc, mais faire l'archive de ce à quoi tient notre humanité pour en consolider la tenue ; mais faire l'archive de ce qui vient pour en provoquer la venue ; mais faire l'archive de l'hospitalité vive donc, pour la faire infiniment s'étendre.


En 2015, nous sommes à Calais avec géographes, anthropologues, graphistes, photographes, architectes, urbanistes, et tenons répertoire de tout ce qui s'invente, s'affirme, se construit, de matériel et d'immatériel. Nous rassemblons ces preuves dans un recueil, l'Atlas d'une cité potentielle, déposé dans la collection du FRAC Centre-Val de Loire, troisième collection d'architecture au monde.


De cette archive, nous en tirons en 2017 un petit texte : des Actes, un inventaire factuel des gestes quotidiens de soin, d'accueil, de fraternité, relevés à Calais et tout autour, registre de « gestes porteurs » comme il l'est dit de certains murs en architecture. Ce texte prend la forme d'une publication orange ici tendue à proximité de l'Aquarius, navire alors de SOS Méditerranée, pour dire le nouage des gestes terrestres, consignés, et maritimes, non encore décrits mais tout aussi cruciaux.


Tous ces gestes ont mauvaise réputation.


On les dit désespérants : on ne devrait pas avoir à la faire, ils sont portés à défaut de véritable politique, ce qu'ils ne sont donc prétendument pas, ce que seul un Etat saurait donc produire.

On les dit douteux, parce que manifestement dissymétrique, répétant un néocolonialisme increvable, répartissant les places, immuables : sauveteurs, héroïques, d'un côté ; sauvés, passifs, de l'autre.

On les dit criminels, visés par un « délit de solidarité » en 2017, délit cassé en partie par le Conseil constitutionnel en juillet 2018, mais toujours bien effectif à travers nombre de procédures de police, comme cette décision du 10 octobre dernier de la Préfecture de Paris interdisant les distributions alimentaires, comme si c'était une seconde possible et pensable.

Ces gestes sont empêchés, réduits sinon détruits par des rumeurs, des paroles, des textes, des machines. De toutes parts.

Alors qu'ils rendent le présent respirable à celles et ceux qui cherchent refuge.

Alors qu'ils sont d'une portée extraordinaire pour nos enfants qui connaîtront au centuple des mouvements migratoires, du fait des bouleversements climatiques, sanitaires, géopolitiques que nous savons.



inscrire


Décrire et nommer tout autrement ces gestes, c'est le projet de recherche et de création que nous conduisons à Rome, à la Villa Médicis, à partir de 2019, année de Barca Nostra donc.

Ici, avec artistes, réfugiés, chercheurs, collectifs, nous nous saisissons du formulaire ICH-01 de l'UNESCO et ouvrons une instruction visant à faire inscrire ces gestes au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité. En bonne et due forme, il s'agit d'argumenter, de dire la portée et la beauté de cette hospitalité vive, de détailler minutieusement les menaces qui pèsent sur elle, de toutes parts.


Le formulaire exige de rassembler 10 images fixes, que nous recueillons d'Europe entière, avec lesquelles nous traversons la ville le 10 juillet 2020, pour les déposer dans le plus grand squat de Rome, Spin Time, que nous re-baptisons alors « musée en acte des actes d'hospitalité ».


La procédure exige que nous définissions un plan de sauvegarde à mettre en œuvre, permettant donc de protéger ces gestes et de les transmettre aux générations futures.


Alors nous décrivons les plans d'une action, d'une politique de l'hospitalité vive, non pensée comme un délit évidemment, pas davantage comme un devoir, une charge, un impératif commandé par quelque culpabilité que ce soit, mais comme trésor public.

Alors nous déclarons la nécessaire création d'une flotte mondiale de navires extraordinaires, de bâtiments pionniers conçus à partir des gestes des marins sauveteurs, permettant de les soutenir au présent et de les faire se perpétuer.

Des navires-conservatoires de ces gestes en somme, des bâtiment-archives de leur présence et de leur devenir.



transmettre


Nous envisageons alors une flotte dont le premier bâtiment serait destiné à la Méditerranée, parce que mer la plus meurtrière du monde aujourd'hui.


Nous envisageons alors un navire pionnier non abîmé en ses fondations par la déploration de ce qui a lieu, mais porté sur l'horizon comme l'outil le plus efficace et magnifique qui soit. Pour infiniment soutenir et faire s'amplifier donc ces gestes qui résistent au désastre, qui ont fait, font, et feront tenir notre humanité.

Un navire donc dressé en haute mer pour la beauté de ces gestes présents et à venir, à la splendeur de ce qui vient.



le rivage


Alors nous sommes ici ce soir, avec Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, qui la première a entendu cette histoire. Car en février 2020 elle est venue à ma rencontre à Rome, me suggérer de lui proposer une pièce pour les 10 ans du Centre. Car je lui ai proposé alors que l'on construise précisément ce premier navire, qui se nommerait le Navire Avenir, outil pionnier surgissant donc du musée international d'art contemporain, comme une œuvre échappée de sa réserve.


Alors nous sommes ici ce soir avec Anouk Aspisi, membre du cabinet de la Ministre de la Culture, porteuse de Mondes Nouveaux, vaste programme de soutien à la création contemporaine qui en 2022 a apporté son soutien au Navire Avenir.

Alors nous sommes ici ce soir, avec les responsables de 53 institutions culturelles qui ont pour certaines accueilli notre équipée en résidence depuis 2021, et qui signent une tribune parue dimanche dernier dans Le Monde, tribune titrée « Nous sommes le rivage », affirmant la détermination de chacune et chacun à soutenir la réalisation effective du Navire Avenir, œuvre désormais inscrite à leur programme.



les œuvriers


Alors nous sommes là avec des représentantes et représentants de SOS Méditerranée, des Hôpitaux de Marseille, de l'association Pilotes Volontaires, dont José Benavente, Gaëlle Henkens, Damien Cecillon, et Maïa Le Bras, avec des rescapés, dont Aman Mohamedsaid, Farroq Gul, Aliou Jalloh, Mohamed Senessié, Ousainou Mboop, et tous les autres membres de l'association des usagers de la PADA, dont la plupart sont à Marseille ce soir, mais si présents avec nous.


Nous sommes là avec tous ces experts du sauvetage et du soin qui nous ont décrits ce navire manquant, chacune de ses pièces, chacune de ses nécessaires caractéristiques, établissant un cahier des charges appelant un chantier de recherche et de création tentaculaire.


Que nous avons conduit.


Alors nous sommes là, avec Marc Van Peteghem et Marc Ferrand extraordinaires architecte naval et designer, et toutes les équipes de VPLP dont Yann, Vincent, Mathias, Jérémy, Tanguy, Christophe, mais aussi avec cuisiniers, juristes, graphistes, designers, chercheurs et étudiants en art, design, architecture d'Europe entière.


Nous sommes là en réalité avec plus de 500 personnes avec qui nous avons imaginé, dessiné, et porté la maquette au 100e du Navire Avenir jusqu'ici, au beau milieu du Centre Pompidou ce soir.



au public : devenir puissance financière pour faire advenir cette œuvre manquante



Alors nous sommes ici ce soir, au Centre Pompidou-Paris, pour compter nos forces, et pour conter tout ce qu'il nous reste encore construire.


Nous sommes là pour constater l'étendue de ce qui nous manque.

L'absence des vies, de ces 10 vies qui chaque jour disparaissent depuis janvier 2023

L'absence de politique d'hospitalité radicale, française, européenne, alors que seule une telle visée, une telle vision, permettra d'éviter l'effondrement de l'Europe au 21e siècle ;

L'absence d'une flotte d'extraordinaires de navires de sauvetage en Mer Méditerranée, et l'absence donc du premier d'entre eux, du Navire Avenir, qui n'est aujourd'hui qu'un dessin, qu'un tracé, qu'une trace de craie sur la Piazza, derrière vous.


Alors nous sommes à là pour, à la force de toutes nos présences, répondre à toutes ces absences, avec détermination.


Car ce tracé est un signe avant-coureur que tous les matins à 11h jusqu'à dimanche nous parcourons en disant : ceci est une œuvre à réaliser avec vous toutes et tous, invités à donner sur la plateforme navireavenir.eu l'équivalent en euros d'un billet acheté pour voir une œuvre par exemple.


C'est qu'il nous faut lever 6 millions d'ici fin décembre pour lancer le chantier, c'est à dire 20 % des 27 millions que coûte le Navire Avenir, en nous souvenant que Barca Nostra en a coûté 33, de millions, puisqu'il a fallu des moyens colossaux pour extraire, acheminer, installer, célébrer, ramener.


Alors nous irons à Venise en mai prochain avec cette maquette, et la liste de celles et ceux qui auront versé ces 6 premiers millions, pour exposer une réalité à venir, inarrêtable.


Nous présenterons le Navire Avenir à l'Arsenal précisément, chantier naval d'où sont sorties tant de galères extraordinaires imaginées pour faire main basse sur le monde, pour servir le pillage, pour soutenir le commerce triangulaire, et pour faire ainsi la richesse de l'Europe en général, et celle de Venise la Sérénissime en particulier.


Nous présenterons là le Navire Avenir et déclarerons : ceci un bâtiment extraordinaire qui nouera lui, avec le lointain, une relation d'amitié enfin.

Nous placerons la maquette au 100e du Navire Avenir au beau milieu d'une Venise qui, en cette année 2019 a connu, en toute fin de biennale, des aqua alta historiques, ces montées marines recouvrant alors 80% du territoire, ces marées annonçant l'ensevelissement de la ville, ces événements climatiques témoignant des bouleversements en cours, faisant de Venise l'observatoire européen sur le choc climatique et migratoire à venir.


Nous placerons là, le jour de l'ouverture de la prochaine biennale internationale d'art contemporain, ce Really-made pour le 21e siècle, nouant avec le monde une relation effective, et affective.



inaugurer, et revenir aux fondements poétiques


Et nous nous rendrons ensemble à Lampedusa en 2025, où nous sommes officiellement attendus pour inaugurer l'Avenir comme l'annonce le programme de Lampedusa et Agrigente capitales culturelles italiennes 2025 qui ont été faites lauréates en mars dernier.


Nous avons rendez-vous 10 après après le naufrage du 18 avril 2015, pour réaliser l'Avenir, et lancer donc la création de cette flotte qui ne peut pas ne pas advenir. C'est pourquoi nous avons d'ores et déjà imprimé les cartons d'invitation à l'inauguration de l'Avenir, que nous vous offrons dès à présent.


Pendant que vous constatez que ce carton porte un QR-Code conduisant à la plateforme de financement navireavenir.eu ;

Pendant que vous flashez ce code ;

Pendant que vous vous rendez sur cette plateforme et constatez l'étendue de l'assemblée qui porte le projet ;

Pendant que vous apportez votre contribution financière à ce chantier naval que nous avons désormais en commun ;

Pendant que vous vous dites que vous allez ce soir, en rentrant, inviter tous vos proches à en être aussi, à donner donc et transmettre à leur tour à tous leurs proches ;

Pendant donc que nous lançons ici et maintenant, avec vous toutes et tous, cette levée de fonds extraordinaire qui doit nous conduire à réunir 6 millions d'euros avant la fin de cette année.


Je me permets de vous offrir, pour finir, lecture du tout premier texte que nous nous sommes lus, non loin d'ici, pour nous mettre en mouvement vers l'UNESCO, et vers l'Avenir, tout premier texte qui est aussi un tout dernier, puisque ce sont les toutes dernières lignes du tout dernier livre d'un auteur disparu en 2018, Mathieu Riboulet. Je cite :


« Nous sommes là où notre présence fait advenir le monde, nous sommes pleins d'allant et de simples projets, nous sommes vivants, nous campons sur les rives et parlons aux fantômes, et quelque chose dans l'air, les histoires qu'on raconte, nous rend tout à la fois modestes et invincibles. Car notre besoin d'installer quelque part sur la terre ce que l'on a rêvé ne connaît pas de fin »

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