"Really-made" : c'est ainsi que la semaine dernière nous présentions le Navire Avenir sur la scène du Centre Pompidou-Paris. Non une nouvelle pièce faisant état de l'étendue du désastre en vue de nous y "sensibiliser" encore, comme s'il pouvait en surgir quoi que ce soit ; non une énième plainte hurlante contre tout ce qui fait violence à l'endroit de celles et ceux qui cherchent refuge ; mais une œuvre agissante sur les fronts de l'hospitalité vive, un acte de création visant une relation effective au monde, une œuvre résolument efficace. Nous construirons l'Avenir donc, et la flotte de navires de sauvetage en haute mer dont il sera le premier bâtiment, et les rivages qui ne cesseront de manquer. Et ce Navire Avenir, œuvre portée par de multiples institutions culturelles, en obtiendra ainsi la puissance juridique en haute mer où il s'avancera, inviolable, au même titre que n'importe quelle œuvre d'art.
Mais le chantier est en cours, et par fragments l'Avenir s'immisce déjà dans notre présent : c'est le fait de cette assemblée extraordinaire nouée pour ce chantier naval, réseau terrestre de chercheurs et d'activistes allant de Varsovie à Barcelone, en passant par Bruxelles et Bordeaux, consolidant le rivage européen et sa qualité de terre d'accueil et de soin ; c'est le fait du soutien, y compris financier, qui aujourd'hui est apporté grâce au projet à l'Association des usagers de la PADA, donnant à l'entr'aide plus de puissance encore à Marseille, au bénéfice de celles et ceux qui arrivent ; c'est le fait du travail de création culinaire développé par un fantastique réseau de chefs constitué autour des Grandes Tables de la Friche la Belle de Mai, avec le soutien des diététiciens des Hôpitaux de Marseille, et du riz épicé qui a été expérimenté en mai, et qui, aujourd'hui-même, a été servi à bord de l'Ocean Viking de SOS-Méditerranée. Dont voici une image. Tel est donc l'un des premiers éléments tangibles de l'Avenir.
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